La triquetra celte
Nous avons terminé notre premier bloc qui portait sur les dessins de forme bretons. Le dernier dessin était difficile ; il s’agissait d’une triquetra. Néanmoins, je trouve que les filles s’en sont admirablement sorties.
We had finished our first blok which was about Breton’s drawings forms. The last one was difficult ; it was a triquetra (i don’t know if it has the same name in english) ; but i find that the girls had beautifully realized it.
Nous avons fini le conte de la princesse Blondine et les fables bretonnes que vous pouvez trouver ci-dessous.
We have finished the tale of the Princess Blondine and the Breton fables above for which i have any english translation ; sorry my friends.
Voici d’autres de nos dessins de forme bretons :
Fables bretonnes
Olier hag Alanék (Le Coq et le Renard)
Alanék s’enfuyait à toutes jambes, emportant Olier dans sa bouche.
« Il s’en va donc avec toi, cette fois, Alanék, lui dirent des paysans qui travaillaient aux champs.
_ Réponds leur que cela ne les regarde pas, Alanék, dit le Coq.
_ Cela ne vous regarde pas ! Dit le Renard. »
Flip, voilà le coq envolé au bout d’un chêne.
« C’était une simple farce Olier, dit le Renard.
_ Il y a farce et farce, chanta le Coq. »
La pie et le forgeron (Er bik hag er go)
Le Forgeron essayait en vain de souder un morceau de fer. La Pie, qui était perchée au haut d’un chêne à côté de lui, ne cessait de lui crier :
« Mets de l’argile, mets de l’argile !
_ Viens ici, espèce de …, s’écria le forgeron furieux, je vais t’en mettre moi de l’argile au derrière. »
Et il se remit à l’oeuvre, mais il avait beau jurer, il ne soudait pas son fer.
_ « Ma foi, se dit-il, si je mettais tout de même un peu d’argile ? »
Il le fit et le fer se souda on ne peut mieux.
La princesse Blondine
Le village de Locminé est l’endroit où l’on mange les crêpes les plus fines et où l’on boit le cidre le plus pétillant de Bretagne. Dans ses environs s’élevait, il y a cinq siècles un château fort dont les tours mesuraient au moins quatre-vingt mètres. Un seigneur très riche l’habitait avec ses trois fils. L’aîné s’appelait Cado, le second Méliau et le plus jeune Yvon.
L’histoire commence un matin de printemps, alors que les trois garçons sont à la chasse.
Ils chevauchaient, depuis plusieurs heures, dans la forêt, sans avoir vu le moindre gibier, et s’apprêtaient à rentrer quand, au détour d’un chemin, ils aperçurent une vieille femme. Celle-ci portait sur sa tête une cruche pleine d’eau qu’elle venait de puiser à la fontaine. Cado, mécontent de revenir bredouille, voulut s’amuser un peu.
« Seriez-vous capables, demanda-t-il à ses frères, de briser la cruche de cette vieille d’une seule flèche ?
_ Nous ne voulons pas essayer, répondirent Méliau et Yvon, car nous risquons de blesser cette pauvre femme.
_ Eh bien, moi, je le ferai ! »
Cado sortit de son carquois une flèche à plumes bleues, l’ajusta à son arc et visa. La flèche partit en sifflant et brisa la cruche. La pauvre vieille poussa un cri de frayeur et se retrouva trempée de la tête aux pieds. Cado, très fier de son coup, éclata de rire. Mais ses frères, honteux de lui, se précipitèrent pour aider la vieille femme. Elle leva le poing et dit à l’adresse de Cado :
« Sale garnement ! Tu mérites une punition ! A partir de cet instant, tu trembleras de tous tes membres comme une feuille secouée par le vent. Et cela, jusqu’à ce que tu aies retrouvé la princesse Blondine ».
Et Cado, en effet, fut pris au même moment de tremblements incontrôlables. Sa voix même se mit à chevroter comme celle d’un vieillard. La femme se retourna et ramassa les débris de la cruche qui se reconstitua d’elle-même, aussitôt qu’elle eût prononcé une étrange formule. Les trois frères comprirent qu’ils avaient eu affaire à une fée.
Quand ils rentrèrent au château, Cado tremblait tellement et sa voix était si méconnaissable que le père s’étonna :
« Qu’as-tu donc, mon fils ? Es-tu malade ? »
Les deux cadets racontèrent l’aventure. Quand ils eurent terminé, le vieux seigneur se tourna vers l’aîné et dit :
_ Tu t’es mal conduit, mon fils. Tu sais ce qu’il te reste à faire. Pars à la recherche de la princesse Blondine. Je ne sais pas quel pays elle habite, mais je vais te donner une lettre pour mon frère l’ermite qui pourra peut-être te renseigner. »
Il prit sa plus belle plume d’oie pour rédiger sa missive et, quand son fils fut prêt à partir, il lui remit le parchemin en lui disant :
« Voici un message pour ton oncle et une roue d’argent qui te guidera jusqu’à lui ».
Il lui remit une roue magnifiquement ouvragée dont les rayons étincelants étaient ornés de perles et de rubis. Elle se mit en route d’elle-même et Cado n’eut qu’à la suivre. Il marcha ainsi pendant plusieurs jours. Enfin, au cinquième matin, la roue s’arrêta devant une cabane construite entre deux rochers au coeur de la forêt. Devant la porte, l’ermite agenouillé était en prière, les yeux levés au ciel. Quand il aperçut Cado, il lui demanda qui il était et ce qu’il pouvait faire pour lui :
« Je suis votre neveu et je vous salue, dit le jeune homme avec peine, tellement il tremblait.
_ Mon neveu ? »
Cado tendit alors la lettre que son père lui avait remise. Après l’avoir lue, l’ermite dit :
« En effet, tu es bien mon neveu et tu cherches la princesse Blondine ?
_ Oui, mon oncle, répondit Cado. Voyez dans quel état je suis ! Je ne serais même pas capable de décocher une flèche dans cet arbre que vous voyez à moins de trois pas. Seule cette princesse peut me guérir et mon père ne sait pas où elle demeure.
_ Hélas ! Moin non plus, mon pauvre enfant ! Mais les oiseaux mes amis, qui sont de grands voyageurs, l’ont peut-être rencontrée. »
Il prit sa flûte et lança un trille magique qui se répandit en mille échos dans la forêt sonore. Aussitôt, des centaines d’oiseaux vinrent se poser autour de la cabane. Il en arrivait de toutes parts et de toutes sortes. Les arbres ployaient sous leur nombre. Le ciel, un instant, en fut obscurci.
Il y en avait de toutes les couleurs, du plus petit au plus grand. Chaque espèce était représentée, de la plus rare à la plus commune. Jamais, depuis l’arche de Noé, n’avait eu lieu un tel rassemblement. Et, sur un seul geste de l’ermite, les oiseaux se turent : le vieillard les appela tous, l’un après l’autre, par leur nom et leur demanda s’ils connaissaient la princesse Blondine. Malheureusement, aucun ne l’avait jamais vue.
Or, tous les oiseaux avaient répondu à l’appel, excepté le plus majestueux, l’aigle royal. Le vieil ermite joua du mieux qu’il pût un nouvel air sur sa flûte enchantée, et l’on vit bientôt, très haut dans le ciel, un petit point noir tournoyer : l’aigle royal !
Le grand oiseau descendit en planant lentement, décrivant de longues courbes au-dessus de la cabane. Puis il se posa en douceur sur une souche de chêne et rabattit ses grandes ailes. Il fixa l’ermite de ses yeux aux éclats de rubis.
« Pourquoi me faites-vous venir ici, alors que j’étais si bien où je me trouvais ? Dit l’aigle, d’assez mauvaise humeur.
_ Où donc étais-tu ? Demanda le vieillard.
_ Au château de la princesse Blondine.
_ Eh bien, tu es libre d’y retourner,à la condition d’y porter sur ton dos mon neveu que voici.
_ Je le veux bien si l’on me nourrit de viande fraîche, dit l’aigle.
_ C’est entendu ! Tu auras ce que tu as demandé. »
D’un large signe de la main, l’ermite congédia ses amis les oiseaux. Jamais Cado n’avait vu si bel envol : des milliers d’ailes étincelèrent comme une poussière d’or au soleil. Plusieurs fois, le nuage de plumes passa au-dessus de la cabane avant de disparaître dans le ciel.
Alors, le jeune homme et son oncle s’employèrent aux préparatifs du grand départ. Ils découpèrent en fins morceaux un boeuf tué du matin qu’ils chargèrent sur les ailes du grand oiseau. Puis l’ermite sortit d’une malle doublée de velours une selle brodée d’or. Il la fixa sur le dos de l’aigle royal et passa à son cou un licol tressé dans des cheveux de fée.
Cado enfourcha sa monture ailée et fit un signe d’adieu à son oncle. Aussitôt l’oiseau-roi prit son envol pour regagner le ciel. Il monta si haut dans les airs qu’il se confondit avec le soleil, et la viande de boeuf s’en retrouva rôtie comme dans un four. Cado dut se protéger de la chaleur en se cachant sous le plumage épais de sa monture. Mais bientôt ils survolèrent l’océan et les vents marins leur apportèrent un peu de fraîcheur.
Tout en fendant l’air, l’aigle donnait ses instructions :
« Le château de la princesse Blondine est construit au beau milieu de l’océan. Quand nous arriverons, tu verras sur le rivage une belle fontaine entourée d’arbres et de glycines. Chaque midi, la princesse vient s’y reposer avec sa suivante et peigner ses longs cheveux blonds en se mirant dans l’onde claire. Tu iras à elle sans crainte, car elle t’attend. Et elle te donnera le remède qui te guérira. Mais ne t’attarde pas car son tuteur, le magicien, te le ferait payer très cher. »
Depuis plus de sept heures, ils ne voyaient que le ciel et l’eau. L’aigle commençait à s’épuiser et réclamait souvent un morceau de viande. Enfin, Cado distingua à l’horizon une terre minuscule qui semblait flotter sur la mer. Ils s’en approchèrent et l’aigle dit :
« Voilà l’île de Blondine où nous allons nous poser. N’oublie surtout pas mes recommandations ».
L’oiseau-roi, toutes ailes déployées, se posa sur le sol aussi légèrement qu’un fétu quand le vent tombe. Cado longea le rivage et ne tarda pas à trouver la fontaine. C’était un endroit merveilleux : une source fraîche et limpide sourdait d’une roche cristalline. Une glycine qui rampait alentour, reflétait ses belles grappes mauves dans le miroir d’eau pure et parfumait l’air de sa senteur exquise.
Comme il n’était pas tout à fait midi, Cado s’allongea dans l’herbe et s’endormit bientôt, bercé par le murmure du ruisseau. Quand il s’éveilla, il vit devant lui une jeune fille belle comme le jour. Ses cheveux blonds tombaient jusqu’à ses pieds comme un voile. Elle était accompagnée d’une servante, elle aussi d’une très grande beauté.
Cado se leva et fit la révérence. Mais les tremblements rendirent son geste maladroit.
« Mon pauvre Cado ! Dans quel état t’a mis la vilaine fée ! Reprends courage, je te rendrai la santé. »
Avec sa suivante, elle fit de gros bouquets des herbes et des fleurs qui poussaient autour de la fontaine. Elles ramassèrent des narcisses, des jonquilles, des primevères et des iris, des roseaux, des bambous et toutes sortes d’herbes folles. Puis elles pilèrent toutes ces plantes dans un grand mortier qu’elles avaient apporté .Enfin, quand elles eurent tourné le pilon cent cinquante-neuf fois dans un sens, et quatre-vingt-dix-sept fois dans l’autre, elles tendirent le récipient à Cado.
« Enduis ton corps de cet onguent. Et, surtout, retiens-toi de respirer pendant que tu te frictionnes ! »
Le jeune homme fit comme les jeunes filles le lui avaient conseillé. Quand il eut fini, il était sur le point d’étouffer. Il repris alors sa respiration et s’aperçut que les tremblements avaient cessé. Il avait, d’un coup, retrouvé sa force et sa jeunesse ! De joie, il s’agenouilla aux pieds de la princesse et lui dit :
« Jolie princesse, j’aimerais vous prouver ma reconnaissance en vous épousant.
_ Je ne demande pas mieux, répondit-elle, car je voudrais quitter cette île où mon tuteur me rend malheureuse ».
Ils convinrent de se retrouver le lendemain près de la fontaine, à midi, car à cette heure le tuteur de Blondine faisait la sieste.
La princesse regagna le château avec sa suivante. Elle ordonna que l’on tue et dépèce un boeuf. Puis elle passa l’après-midi à rassembler les bijoux qu’elle tenait à emporter avec elle.
De son côté, Cado, trop heureux d’avoir retrouvé son corps de vingt ans, s’amusa à courir jusqu’au soir sur la plage. Il sautait par-dessus les vagues et rebondissait sur le sable comme un cabri. Épuisé, il s’endormit à la nuit sur le gazon, près de la fontaine.
Le lendemain, à midi, la princesse vint le rejoindre avec sa suivante. Elle était très pressée de partir et expliqua les raisons de cette impatience :
« Mon tuteur est un magicien. Dès qu’il s’apercevra de mon départ, il montera sur son dromadaire qui est plus rapide que le vent et se mettra à notre poursuite. Dépêchons-nous, si nous voulons avoir une bonne avance ! »
Le jeune homme chargea sur le dos de l’aigle les provisions de viande pour le voyage. Puis il fixa la selle brodée d’or et le précieux licol. Enfin il fit asseoir la princesse et sa suivante en avant, près du cou de l’oiseau et prit place lui-même à l’arrière sur la queue de plumes noires. Lentement, l’oiseau royal quitta la terre et gagna le ciel.
Quand le vieux magicien se réveilla, il appela Blondine, comme il en avait l’habitude. Mais elle ne répondit pas. Il se leva en colère et alla consulter son miroir magique.
« Miroir ! Miroir ! Toi qui ne mens jamais, dis-moi, dis-moi vite, en quel lieu se trouve Blondine ! »
Le miroir se troubla comme l’eau calme d’un étang quand on y jette une pierre. Puis l’image redevint nette et le magicien put voir un grand aigle noir emportant la princesse sur ses ailes.
Fou de rage, il se précipita dans son écurie et enfourcha son fabuleux dromadaire auquel il ordonna de rejoindre les fugitifs. D’un bond gigantesque, l’animal franchit les murailles du château et quitta l’île en galopant sur la mer.
De son côté, l’aigle commençait à faiblir. Il ne volait plus aussi vite. Jamais il n’avait transporté trosi personnes à la fois. Pour résister, il devait manger d’énormes quantités de viande. La princesse s’inquiétait fort et se retournait sans arrêt pour voir s’ils n’étaient pas rejoints. Or, en effet, après deux heures de voyage, elle aperçut derrière eux, sur la mer, son tuteur chevauchant son extraordinaire monture. En peu de temps, le magicien rattrapa son retard et se retrouva juste au-dessous de l’aigle royal.
Alors, la princesse se pencha dangereusement au-dessus du vide et lança une bulle de verra qu’elle avait dans sa poche. La bulle se posa sur la mer juste devant le dromadaire et aussitôt les eaux tourbillonnèrent comme un manège diabolique : l’animal et son cavalier furent pris dans cette ronde infernale et ils disparurent, aspirés vers les profondeurs obscures.
Le voyage étant fort long, l’aigle eut bientôt épuisé toutes les provisions de viande. Exténué, il menaçait de jeter à bas Cado et ses deux compagnes.
« Donnez-moi à manger ! Criait-il. Je n’en puis plus !
_ Ma pauvre bête, il n’y a plus rien, lui répondait Cado. Allons, du courage ! Nous ne tarderons pas à arriver !
_ Donnez-moi à manger ou je vous laisse tomber tous les trois », lança-t-il, à bout de force.
Alors, Cado se sacrifia afin d’éviter une catastrophe : il sortit son poignard et se coupa un morceau de cuisse qu’il tendit à l’oiseau affamé.
« C’est très bon, dit celui-ci, mais bien peu de chose. J’ai encore grand faim.
_ Encore quelques coups d’aile et nous y serons, dit Cado.
_ De la viande, ou je vous précipite dans le vide ! », répliqua l’oiseau.
Le malheureux jeune homme trancha dans son autre cuisse et lui donna le morceau à manger. Puis, il coupa, l’un après l’autre, ses deux mollets…
Enfin, ils survolèrent la grande forêt qui entourait le château du père de Cado. La princesse pria l’aigle de se poser au milieu d’une clairière qu’elle lui désigna du doigt. L’oiseau se posa en douceur sur une épaisse couche de mousse. Les deux demoiselles mirent pied à terre et traînèrent le pauvre jeune homme, qui se mourait, sur un lit de fougères. Elles cueillirent des herbes dans le bois et frictionnèrent les affreuses blessures du malade. L’effet ne se fit pas attendre : Cado retrouva aussitôt ses cuisses et ses mollets.
Le jeune homme s’apprêtait déjà à repartir, très impatient de présenter sa fiancée à son père, quand la belle demoiselle lui dit :
« Je vais bâtir un château en cet endroit et j’y resterai avec ma suivante jusqu’à ce que vous veniez me chercher avec votre père pour m’épouser ».
Puis elle fit glisser de son doigt une bague de diamants et la tendit à Cado.
« Voici une bague fort précieuse que vous porterez à votre doigt. Ne la donnez jamais à personne sinon vous perdriez le souvenir de moi. »
Cado mit la bague et promit de ne jamais la donner. Ensuite, il baisa les mains de la princesse et lui jura d’être de retour avant peu. Puis il enfourcha l’aigle qui s’était reposé et s’envola avec lui dans le ciel.
Quand il arriva chez lui, son père et ses deux frères se réjouirent de le retrouver en pleine santé. Ils lui demandèrent où était la princesse Blondine et Cado leur expliqua qu’ils devaient aller la rejoindre ensemble. Pendant que l’on faisait atteler le plus beau carrosse du château, Gwendoline la soeur de Cado, entraîna son frère au jardin et lui dit combien elle était heureuse de l’avoir près d’elle. Les deux jeunes gens s’assirent sur un banc, et Gwendolyne chanta pour divertir son frère. Cado, épuisé par son long périple, ne tarda pas à s’endormir.
Quand Gwendoline aperçut le magnifique diamant que portait son frère, elle voulut immédiatement le posséder. Elle le retira doucement de la main du dormeur et le passa à son propre doigt.
Peu après, le vieux seigneur vint avertir son fils que le carrosse était prêt.
« Partons sans perdre de temps, dit-il.
_ Partir… Partir où ? Demanda Cado.
_ Mais voyons, au château de la princesse Blondine !
_ La princesse Blondine ? Je ne connais pas cette personne, mon père !
_ Allons ! Ne fait pas le sot et dépêchons-nous !
_ Je vous jure que je ne sais pas de qui vous parlez. De ma vie, je n’ai jamais vu cette demoiselle. »
Comme il paraissait sérieux et sincère, le vieux seigneur en conclut avec douleur :
« Hélas ! Mon pauvre fils a perdu l’esprit ! Le sort s’acharne sur lui. »
Il fit dételer le carrosse.
Cependant Cado ne donnait aucun signe de folie et c’est seulement lorsqu’on lui parlait de la princesse Blondine qu’il semblait avoir perdu la mémoire.
Et les trois frères retournèrent ensemble à la chasse, comme autrefois.
Or, un jour, poursuivant un sanglier, ils arrivèrent devant un merveilleux château. Ses remparts étincelaient comme le cristal et son donjon était si haut qu’il se perdait dans les nuages. Ils ne s’étonnèrent pas de sa richesse mais de ce qu’ils ne l’avaient pas découvert plus tôt, car ils connaissaient par cœur chaque recoin de la forêt.
Le soir, sur le chemin du retour, ils firent mille suppositions sur le propriétaire de cette mystérieuse demeure.
Quand ils retrouvèrent leur père, ils lui contèrent leur aventure. Le vieux seigneur se douta qu’il s’agissait de la retraite de la princesse Blondine mais il n’en dit rien à ses fils.
Quelques mois plus tard, Cado désira se marier à une princesse qu’il avait connu bien avant son voyage. Son père donna son consentement et le jour des noces fut fixé. On invita tous les habitants du pays, riches et pauvres, à prendre part au festin.
Le vieux seigneur, désireux de connaître le mystérieux habitant de la forêt, envoya chez lui un écuyer pour lui remettre une invitation. A son retour, l’écuyer raconta l’accueil charmant qu’on lui avait fait : le château appartenait à une jeune princesse d’une rare beauté.
« Viendra-t-elle au mariage de mon fils ? Questionna le vieil homme.
_ Oui, répondit l’écuyer. Et voici sa réponse. »
Il tendit à son maître un message roulé dans un tube d’argent massif. La princesse acceptait l’invitation à condition que la soeur du futur époux préparât elle-même un gâteau et le donnât à manger à son frère au matin de ses noces.
Le seigneur trouva cette idée plaisante. Il renvoya son écuyer dire à la princesse qu’il serait fait selon sa volonté ; puis il alla trouver sa fille Gwendoline et lui demanda de préparer un gâteau pour son frère.
Le jour du mariage arriva. Dès le chant du coq, la jeune Gwendoline entra dans la chambre de son frère et déposa près de lui, sur sa couverture, un beau gâteau encore tout fumant.
« Quelle merveille ! Petite soeur ! Je me sens un appétit de loup ce matin !
Il coupa une part de gâteau et commença à manger.
« N’en veux-tu pas goûter, toi aussi, demanda-t-il.
_ Non, répondit Gwendoline, car je suis trop triste. J’ai perdu un bijou précieux auquel je tenais par-dessus tout.
_ Je t’en offrirai un plus beau encore. Sèche vite tes larmes, petite soeur ! Aujourd’hui est un grand jour de fête ».
Gwendoline essaya de sourire, mais elle s’esquiva en pleurant.
Alors qu’il mangeait une deuxième part du succulent gâteau, Cado faillit s’étouffer. Il se mit à tousser et tousser… Jusqu’au moment où il cracha une magnifique bague en diamant qu’il avait failli avaler.
« Voilà le bijou perdu par ma soeur ! Dit-il. Comme elle sera heureuse de le retrouver tout à l’heure. »
Et il passa la bague étincelante à son doigt.
Alors Cado crut sortir d’un long rêve et le souvenir de la princesse Blondine lui revint. Il alla trouver son père et lui conta l’affaire dans ses menus détails.
« Rassure-toi, mon fils, dit le vieux seigneur. La princesse Blondine arrivera d’ici peu. Et puisque tout est prêt, tu pourras l’épouser ».
Cado exultait de bonheur, mais soudain, sa joie se ternit.
« Mais, mon père, avez-vous songé à la déception de la pauvre jeune fille dont je devais faire aujourd’hui ma compagne ?
_ Sois tranquille, mon enfant. Ton frère Méliau m’a avoué après que tu eus fait ta demande qu’il aurait, lui aussi, désiré cette demoiselle et je crois savoir qu’elle ne le déteste point. Nous célébrerons donc aujourd’hui deux mariages au lieu d’un. »
Tout se passa comme le père l’avait annoncé. Il y eut des festins magnifiques, des danses et des fêtes pendant plus d’un mois.
Cado et la princesse Blondine vécurent très vieux dans leur beau château au coeur de la forêt et ils y furent très heureux car ils eurent de nombreux enfants.
Je vous laisse avec une chanson bretonne traditionnelle interprétée par une jeune harpiste de grand talent, Cécile Corbel.
I let you with a traditionnal Breton’song sing by a young and talented harpist, Cécile Corbel.
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- Monique