A propos de A practical guide to curative education
A practical guide to curative education – The ladder of the seven life processes, a été écrit par Robyn M. Brown et est paru aux USA chez Lindisfarne Books en 2016.
Robyn m. Brown est une enseignante Steiner. Elle vit en Californie avec sa femme, Kathy, et leurs nombreux animaux. Elle a fondé la ferme Mulberry qui accueille les enfants en difficulté sur la base d’une approche particulière au sein même de la pédagogie Steiner, l’éducation curative ou thérapeutique.
Cette approche cherche à entrer en relation avec chaque enfant sur des bases différentes que celles fournies habituellement aux enseignants Steiner lors de leur formation. Robyn Brown contribue d’ailleurs à cette dernière en offrant des cours à ceux qui veulent approfondir ces enseignements particuliers de Rudolf Steiner.
A practical guide to curative education est en partie fondé sur les douze conférences données en juin et juillet 1924 par Rudolf Steiner à Dornach, en Suisse, ainsi que sur les travaux de Karl König, lequel est à l’origine notamment du mouvement Camphill, lui aussi basé sur une approche thérapeutique.
Le livre est né du constat que, depuis 20 ans, un nombre signifiant d’enfants ont été diagnostiqués comme ayant des troubles du comportement ou des troubles mentaux et que, face à eux, les parents et les éducateurs sont démunis. Il est basé sur toute la pratique par Robyn de cette approche particulière. Elle transmet ici comment elle a pu changer la dynamique de sa classe, aider d’autres enseignants à faire de même, permettant à ces enfants de construire leur futur.
Avant d’aller plus loin, précisons que A practical guide to curative education est fondé notamment sur la théorie des corps subtils telle que conceptualisée par Rudolf Steiner ; par conséquent, pour tous ceux que cette plongée un peu « ésotérique » dérange, n’allez pas plus loin et rendez service à tout le monde en quittant cet article…
Que contient A practical guide to curative education ?
Doté d’une toute petite préface, A practical guide to curative education démarre totu de suite le premier de ses sept chapitres.
Intitulé « Breathing », il met en scène une situation concrète : un enseignant est toalement submergé par sa classe.
Quelques éléments type de celle-ci sont décrits : l’enfant hyperactif, qui « fonce » dans tout le monde ; l’hypersensible qui s’isole, etc… Rien ne va ; l’enseignant est exténué et ne sait plus quoi faire. Robyn présente alors le travail de Karl König avec le premier de ses processus de vie : la respiration. Pour lui, elle constitue « l’établissement d’un cordon ombilical entre le monde et l’être vivant » (page 15, traduction personnelle).
S’ensuivent des explications passionnantes sur le travail de Karl König, mis en relation avec celui de Rudolf Steiner dans L’éducation curative, qui permettent de remettre en question les différents labels appliqués sur les enfants : « Steiner nous dit qu’il n’y a pas de «normal» ou d ‘«anormal», et c’est pourquoi le processus consistant à essayer de filtrer une «anomalie» devient tellement confus, telle une impasse.
Nous évaluons l’enfant, nous lui attribuons une étiquette, nous répertorions les choses que l’enfant ne peut pas faire à cause de cette étiquette, et nous le laissons dans la boîte que nous avons créée pour lui sans aucune notion de vraie guérison disponible. Steiner fait une déclaration encore plus forte en disant que, ce faisant, nous détruisons le génie de l’enfant » (page 19, traduction personnelle).
Rudolf Steiner nous enjoint plutôt de remplacer le jugement par l’observation. J’ai trouvé l’explication de ce point admirable et extrêmement inspirante.
Le deuxième chapitre s’intitule « Warming ». On continue donc avec l’exemple de notre enseignante qui reprend progressivement confiance. Plus elle observe, moins elle juge « en pensée » et comme, selon Rudolf Steiner (et aussi dans d’autres courants d’enseignements spirituels), ce que nous pensons affecte l’enfant, ceux-ci commencent à se détendre. La part de génie de l’enfant peut enfin se montrer.
Pour l’auteur, c’est sans doute l’une des attitudes les plus thérapeutiques que l’on peut avoir. « Les enfants peuvent ressentir que l’enseignant désire devenir une personne qui peut réellement les aider » (page 26, traduction personnelle).
Dans la deuxième conférence de Curative Education (NDT: on trouve le texte en libre accès en anglais, ICI, mais pas en français), Rudolf Steiner parle de la « loi pédagogique ».
Il nous la transmet comme un outil devant nous aider à influencer les quatre corps de l’enfant ; toujours fondé sur la théorie des corps subtils, nous sommes littéralement un récipient pour l’enfant. C’est pourquoi nous devons donc examiner l’état de nos propres corps : corps physique, éthérique, astral, etc. afin de permettre à l’enfant de se relier au plus élevé (ce sont mes mots, tels que je comprends cette loi).
NB : Il serait trop long de vous exposer ici les développements explicatifs ; personnellement, ils m’ont passionné. Mon propos n’est pas de dire « il faut y croire / ne pas y croire » ; ce n’est pas ainsi que j’approche mes lectures.
Je lis beaucoup sans jugement, établissant des relations avec d’autres lectures, pistant les idées qui résonnent en moi, faisant des recoupements, jusqu’à ce que, pour moi, une position prenne forme, une position qui, toutefois, sera toujours susceptible d’évoluer, d’être amendée, complétée, en partie abandonnée, etc…
Par aileurs, tout en vous faisant part de mes propres recherches, mon propos est uniquement ici de vous retracer les grandes lignes d’un livre qui me paraît digne d’intérêt.
« Warming », la seconde étape des sept processus de vie décris par Karl König est en lien avec le soleil, et, plus profondément, avec l’amour en nous. La loi pédagogique nous enjoint de regarder en nous et de prendre soin de nous, mais pour le bien de tous, car nous sommes au service des autres et, ici, en l’occurrence, des enfants. Revenir à nous nous permet de vivre « dans l’expérience de l’enfant, de rejoindre l’autre dans son expérience qui vit aussi en nous » (page 36, traduction personnelle). Ainsi, nous comprenons avec le coeur, et c’est ce qui nous prémuni du fanatisme nous dit l’auteure.
Le troisième chapitre s’appelle « Nourishing », un terme qui, en anglais, possède une force peu commune (que sa traduction française ne restitue pas). On y apprend que les tempéraments ont à voir avec les quatre corps agissant dans une personne :
- les forces du corps physique sont toujours prépondérantes chez le mélancolique;
- le corps éthérique prévaut chez le flegmatique ;
- le corps astral chez le sanguin ;
- l’ego (le Je) chez le colérique.
Si l’utilisation des tempérament est une aide précieuse, il y a un certain nombre d’enfants avec lesquels elle ne marche pas, nous explique l’auteure, et, au préalable, il faut utiliser d’autres outils, d’autres images, relatives à des polarités, des images qui résonnent aussi en nous à certains degrés.
Les quatre corps travaillent ensemble. Rudolf Steiner compare le travail idéalement correct de ces quatre corps au lemniscate. Mais il y a des situations où cette collaboration est empêchée : ce sont les six polarités évoquées par Rudolf Steiner, complétée par le travail de Karl König.
Là aussi, je ne détaillerai pas davantage. Je retiendrai simplement pour le moment que lorsque notre ego peut correctement travailler avec notre corps éthérique, on expérimente la force de la lumière, au sens de force illuminatrice, une sorte de force éthérique qui permet à nos sens d’illuminer le monde pour nous (page 40).
Quand nous nous réveillons, nous nous relions à la lumière en nous et à celle qui vient du monde extérieur. Quand cela ne peut se produire, on est dans le cas des deux premières des six polarités. Ces polarités ne sont pas des labels, mais des conditions que l’on doit comprendre avec amour et compassion pour comprendre l’enfant devant nous.
« Secreting » est le quatrième chapitre. Les étapes précédentes nous ont conduit à « penser avec le coeur ». Nous expérimentons le monde avec nos sens, douze pour Rudolf Steiner. Chacun des douze nous fournit un potentiel différent pour expérimenter (page 52) bien que, pour Rudolf Steiner, le toucher, le premier des sens, résonne à travers tous les sens.
Le chapitre, assez long, détaille les douze sens sous cet angle de compréhension :
- Le toucher. Pour Rudolf Steiner, le toucher ne comprend pas seulement le « tactile » ; il est une expérience de frontière, une connaissance relative à la limite entre le monde qui commence et où nous finissons. NB : je suis impressionnée par la profondeur des descriptions touchants à tous nos sens. A lire et relire pour moi.
- Le sens de la vie. C’est le sens qui nous dit que notre corps nous appartient. nous sommes l’être éternel vivant dans le « récipient » de notre peau.
- Le sens de la perception de nos mouvements (proprioception). Il se manifeste dans absolument tous nos mouvements. Il soutient aussi nos apprentissages académiques.
« Pour suivre la forme de la lettre B, nous devons d’abord connaître le haut et le bas, et la droite et la gauche. Nous avons besoin de mouvement pour comprendre la forme de la phrase, du paragraphe ou de l’essai. Chaque processus mathématique implique le suivi intérieur du mouvement du problème de mathématique.
C’est pourquoi il est si important d’enseigner les maths sur la base du mouvement et de ne pas seulement le relier à des personnages fictifs abstraits, comme « Prince + » ou « Princesse X ». Quand nous ajoutons ou multiplions, nous bougeons vers l’avant dans l’espace sur une ligne de nombre. Quand nous soustrayons ou divisons, nous bougeons vers l’arrière sur cette ligne de nombre. Les vrais mouvements sont la fondation de la compréhension. Les mouvements aident les formes du monde extérieur à résonner à l’intérieur de nous » (page 60, traduction personnelle).
On est loin de réaliser à quel point notre sens du mouvement a des implications profondes et précises, y compris pour nous diriger dans notre propre vie. - Le sens de l’équilibre. Il nous permet d’expérimener la gravité et l’espace. Il a le rôle d’une boussole qui nous oriente dans l’espace et dans le monde extérieur à travers nos pereceptions. C’est ainsi que nous formons une conscience du monde et aussi que nous pouvons vivre en harmonie avec notre environnement.
- Le sens de l’odorat qui nous permet, bien sûr, de sentir les odeurs, mais aussi de « sentir », discerner, si une décision est bonne ou pas pour notre vie. Encore une sorte de boussole qui est, comme le rappelle l’auteure, très importante à développer pour les enseignants. En effet, fait-elle remarquer, Rudolf Steiner ne nous dit jamais quoi faire ; il est toujours clair sur le fait que nous devons travailler sur nous-même de sorte que nous forgions une compréhension correcte.
- Le sens du goût. Avec le sens du goût, vient le choix. Il est une sorte de trait d’union entre les sens du toucher, de vie et de la chaleur.
- Le sens de la vue, qui est une autre sorte de toucher.
- Le sens de la chaleur qui est éminemment relié à nos émotions.
- L’ouïe. A travers elle, nous nous tenons sur le seuil des mondes spirituels. La spirale des étoiles dans le cosmos fait écho à la spirale de notre oreille interne. Et la spirale est la forme qui permet au spirituel de prendre forme dans la matière.
- Le sens des mots. « Les mots sont faits de consonnes et de voyelles. Les consonnes sont les os du langage, et les voyelles sont la vie de l’âme » (page 75, traduction personnelle).
- Le sens de la pensée. « Nous ne pouvons pas suivre les pensées et les sentiments des autres et les comprendre avec compassion sans la présence de notre propre souffrance pour éveiller cette compassion. Ceci est le fruit d’un sens de la vie éveillé« . (page 78, traduction personnelle).
- Le sens d’autrui. Bien lire les autres implique que nous soyons fermement présent en nous.
C’est un chapitre très dense, très riche, qui demande, lui aussi à être lu et relu.
Le cinquième chapitre « Maintening » nous invite à une pause méditative avant d’aller plus loin, en nous basant sur des indications de Rudolf Steiner, des indications de méditation telle que : « Imaginez un point à l’intérieur d’un cercle. Imaginez un cercle contenant un point. Durant la méditation, laissez le point devenir le cercle. Laissez le cercle devenir le point » (page 86, traduction personnelle).
Mais, finalement, pour l’auteure de A practical guide to curative education, tout cela nous ramène à une seule chose : être basé sur le service à l’autre et non sur l’égoïsme.
Alors, nous sommes prêts à grandir.
Le chapitre 6 s’intitule d’ailleurs « Growing ». Grandir signifie : « Quitter le familier ; aller dans l’inconnu » (page 90, traduction personnelle). C’est un chpaitre consacré ici aussi aux mouvements recommandés par Rudolf Steiner : la marche, la natation, toucher ses pieds avec sa tête et embrasser ses pieds (ce qui m’a énormément fait penser à une de nos filles qui pratiquait beaucoup ce mouvement, et le fait encore de temps en temps !)
L’auteure montre aussi à quel point l’enfant qui se dresse tout seul pour la première fois accompli quelque chose d’immense ! Une chose dont nous ne devons pas le priver tant elle est source de confiance pour toute sa vie. L’auteure aborde aussi ici la force que donne le rythme, la confiance qu’il renforce chez l’enfant.
Enfin, le dernier chapitre, nommé « Regenerating » vient clore A practical guide to curative education. Robyn Brown y partage le fonctionnement de sa ferme pédagogique.
Ce petit livre de 137 pages est riche et me demandera des approfondissements. Il m’a fait grande impression et m’a ouvert plusieurs horizons que j’explorerai. Encore une fois, je suis impressionnée par la finesse de compréhension de nos sens, des implications de leur développement correct ou perturbé.
Je trouve que ce livre m’a beaucoup apporté, éveillé/réveillé, sur ce point, complétant d’ailleurs grandement le livre de Wolfgang Auer, Mondes sensibles, et certainement celui de L’extra leçon que j’ai commencée, mais sur laquelle je ne peux encore rien dire de plus pour le moment.
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(Crédits photos, dans l’ordre d’apparition : Hobbyknipse, sur Pixabay, Matthieu Acker, sur Pexels ; The_Dinga, sur Pixabay ; Mattheus Bertelli sur Pexels.
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- Monique