Beatrix Potter, une vie inspirée et créatrice
Beatrix Potter est à mes yeux une grande dame qui a beaucoup oeuvré pour la préservation de l’enfance.
« Dieu merci ! Je n’ai jamais été envoyée à l’école. Cela aurait déteint sur mon originalité » Béatrix Potter
(Traduction et adaptation personnelle)
Il y a peu j’ai regardé le film sur la vie de Béatrix Potter, « Miss Potter » avec l’actrice américaine Renée Zellweger. Si, au début, l’approche un peu caricaturale du personnage m’a gêné en ce qu’elle présentait un portrait assez niais de cette illustre illustratrice, très vite, la problématique du film monte en cadence et l’on se passionne pour le personnage. Je suppose que l’on doit l’état d’esprit du début à la nécessité de dépeindre quelle était la situation de la femme en Grande-Bretagne à l’ère Victorienne. En effet, celle-ci, était cantonnée à un rôle de « sainte », ne pouvant ni exercer un emploi, ni avoir d’argent en propre, et encore moins être « souillée » par une quelconque activité sexuelle.
Dans cette conception très désincarnée de la femme, la femme mariée était littéralement une mineure sous tutelle de son mari qui avait pratiquement tout pouvoir sur elle et sur ses biens, à l’exception tout de même du droit de mort de l’époux sur celle-ci ! Nous voilà en partie rassuré(e)s ! On comprends toutefois d’autant mieux pourquoi certaines jeunes femmes, visiblement de condition sociale tout de même élevée si l’on en croit le film, ne voulaient absolument pas se marier.
C’est le cas de Miss Potter qui refusait l’un après l’autre tout les « magnifiques » prétendants que sa mère lui présentait. Cette dernière est d’ailleurs campée de manière assez horrible dans cette adaptation cinématographique tant elle se soucie bien plus du respect des conventions sociales victoriennes attachées à son statut de femme de la bonne société, combien même elles sont dommageables pour sa fille, que du bonheur de cette dernière. Or, Béatrix ne vivait que pour sa peinture ; ses personnages l’habitaient totalement et son recul sur la condition qui était la sienne dans la société où elle vivait lui donnait la force de prétendre faire éditer ses ouvrages.
Dans ce film, on assiste avec plaisir à la naissance d’une femme hors du commun pour son époque ; une femme qui prend sa liberté intérieure et décide de son destin. Armée de tout son courage, elle va frapper chez les éditeurs et, bientôt, l’un d’entre eux croira suffisamment en elle pour éditer son premier ouvrage. C’est le début d’une magnifique collection de livres pour enfants, illustrés avec finesse et charme. Détail très touchant, Béatrix voulait que ses livres soient d’un petit format afin que les petites mains puissent les tenir facilement.
Son autonomie intérieure conduira Béatrix Potter a se construire une vie à son image, remplie de valeurs et de sensibilité. Se faisant elle s’installera dans une magnifique région de Grande-Bretagne, la région des Lacs, la Combrie. Elle s’engagera ardemment dans la protection de la nature menacée par l’industrialisation naissante et la désolation des campagnes qui amènera de grandes fermes à être mises en vente. Béatrix en achètera plusieurs qui, à sa mort, seront léguées au peuple britannique.
J’ai été extrêmement enthousiasmée par ce film et je me félicite d’avoir tenu pour le voir en entier alors que le début n’était pas engageant. Cette femme eut une vie passionnante et très inspirante, non seulement parce qu’elle était une grande artiste, mais aussi parce qu’elle incarnait fièrement par sa vie et ses actions les valeurs intérieures qu’elle avait forgées dans son coeur.
Le cottage de Béatrix Potter en Combrie