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« Rencontrer l’enfant » est un article de Barbara Klocek paru en 2004 dans Gateways, la revue de WECAN. Il est téléchargeable librement sur le site Waldorf Online Library.

Un peu difficile à traduire dans la mesure où il est rédigé en langage parlé, je le trouvais néanmoins extrêmement intéressant pour les pistes qu’il offre quant aux approches possibles face à un groupe d’enfants d’âges divers.

De nombreuses familles sont dans ce cas, et j’ai souhaité que cette traduction puisse apporter des pistes pour les adultes qui s’occupent de ces fratries d’âges différents ; c’est aussi une situation que l’on peut rencontrer fréquemment à diverses occasions sociales, comme lors de rencontre entre familles non sco par exemple.

Bonne découverte !

Rencontrer l’enfant

Comment pouvons-nous répondre aux différents enfants dans le jardin d’enfants? Certains enfants ont quatre ans, certains ont six ans, et quelle différence cela fait ! En outre, même à ce jeune âge, ils apportent leur milieu familial, leur incarnation et leurs individualités. Nous multiplions par le nombre d’enfants dans la classe et cela peut en effet être une tâche difficile pour l’enseignant.

Au début de l’année, le défi consiste à apprendre à connaître les enfants. Comme le jour où une petite fille entra d’un pas ferme et un sourire convivial, je pensais : « que voici une forte et solide fille ! ». Cela se confirma quelques jours plus tard quand je la vis pincer l’enfant à côté d’elle.

Fermement, j’ai dit son nom. Elle me regarda, surprise, et fondit en larmes. Je lui avais parlé trop fermement, car il y avait un autre côté très sensible que je n’avais pas encore vu. J’avais conclu trop vite à propos de ce que je pensais de sa personnalité.

J’ai pris en compte cet événement dans chaque année scolaire qui commençait et essayé de garder mes pensées aussi ouvertes que possible concernant l’enfant. J’ai aussi une page pour chaque enfant dans mon carnet annuel dans lequel j’écris des observations en commençant par le premier jour.

Je tente d’écrire dedans au moins toutes les deux semaines. Il est étonnant de voir ce que j’avais observé la première semaine, puis quelques mois plus tard, car l’image s’approfondit et révèle de nombreuses couches au fur et à mesure que l’année progresse.

J’ai aussi trouvé une valeur inestimable dans les conférences avec les parents pour faire apparaître des incidents particuliers qui pourraient autrement disparaître de ma mémoire. Je trouve que le flux et le reflux du temps dans le jardin d’enfants et la conscience de rêve des enfants créent une ambiance qui ne sont pas propices à l’observation. L’enregistrement de mes observations au fil du temps me réveille à mes perceptions, aussi bien qu’à l’enfant qui est en devenir.

Comment répondre aux âges différents ? Ceci est toute une danse en elle-même. Comment doucement et tendrement nous avons besoin de rencontrer les enfants les plus jeunes.

Nous sommes comme une vague pour eux, et parfois nous pouvons être si forte… Souvent, avant qu’ils ne nous connaissent, même notre regard est perçu comme douloureux. J’en suis arrivée à voir comment ils sont sensibles même à mon humeur, laquelle, pensais-je, était seulement expérimentée dans mon paysage intérieur.

Plusieurs petits garçons devenaient de plus en plus turbulents en classe, et je sentais mon irritation croissante. Comme je commençais à aller vers eux, les enfants sensibles ont commencé à reculer. Tous les enfants ne sont pas aussi sensibles, car à l’autre extrémité du spectre, certains d’entre eux sont entourés d’une sorte d’aura de rêve, inconscients de mon mouvement et de mon humeur.

Cela m’a amené à être plus active vers l’extérieur quand je sens que quelque chose ne va pas bien, de sorte que je ne parvienne pas jusqu’au point d’être irritée, dérangeant le paysage intérieur de tout le monde. Cela m’a aussi conduit vers l’intériorité pour chercher à être très calme et paisible dans la classe, afin que je sois perçue par les enfants sensibles comme une énergie autour de laquelle on peut être en sécurité et facilement.

Quelle joie d’avoir un enfant pour une deuxième année. Le fondement de la compréhension et de la confiance a déjà commencé. Ils aiment à revenir au rythme du Jardin d’Enfant et à aider les nouveaux enfants à trouver leur chemin durant la journée.

Avec ces enfants, il y a une possibilité d’aller plus loin dans la relation. Un groupe de trois garçons me vient à l’esprit à ce sujet. La première année, ils sont venus en se connaissant déjà les uns les autres, et accorder une attention à l’enseignant n’était pas une compétence qui était en place. Initialement, ils ne laissent aucun nouvel enfant jouer avec eux et les détournaient grossièrement.

J’ai essayé de conduire un des enfants du groupe à m’aider pour une tâche, mais j’ai rencontré peu de succès à long terme parce que l’appel de la meute était trop fort. Je suggérais aux parents d’organiser des moments de jeu avec les nouveaux enfants, ce qui était agréable, mais ne changeait pas la dynamique lorsque les trois étaient ensemble dans la classe. Ils avaient tous des anniversaires d’été et avaient cinq ans avant de commencer leur première année.

Je décidais finalement qu’ils avaient besoin de vacances* les uns par rapport aux autres pendant un certain temps. Au début, ils étaient perdus sur ce qu’il fallait faire, mais, avant peu, ils commencèrent chacun à trouver de nouveaux amis. Une nouvelle légèreté était venue chez chacun des garçons.

Après environ un mois, ils demandèrent si ils pouvaient jouer ensemble. Je leur dit qu’ils le pouvaient si ils incluaient les autres enfants. Quelle différence cela faisait sur toute la dynamique de la classe, car ils étaient devenus beaucoup plus joyeux et inclusifs. Quand ils revinrent pour leur deuxième année, ils accueillirent les nouveaux enfants, à la fois plus âgés et plus jeunes, et l’ambiance d’inclusion et d’acceptation dura toute l’année.

Rencontrer l'enfant

Quand l’enfant a six ans, une nouvelle dynamique peut apparaître. Au lieu que l’adulte (parent ou enseignant) soit le centre de son monde, ce qui est une belle caractéristique des cinq ans, l’enfant devient le centre de son monde. De nouvelles capacités de conscience intérieure dans l’imagination, la mémoire et les sentiments se développent. De fait, le jeu devient plus planifié.

Souvent, ils n’ont même plus besoin de jouer, mais préfèrent s’asseoir et parler. Ce le temps est souvent désigné comme l’adolescence de l’enfance, car l’adolescent, lui aussi, se considère souvent comme le centre du monde et a une forte vie intérieure. Avec ce changement, peut commencer un défi subtile pour l’enseignant.

En effet, c’est le début de la modification de la conscience quand, au lieu de l’apprentissage par imitation, l’enfant apprend par l’autorité aimante de l’enseignant. Cela est généralement aussi un temps tumultueux à la maison, et la phrase « Tu n’es pas mon chef ! » résonne autour d’eux.

Nous avons besoin de les rencontrer avec une approche différente. Le même enfant qui, un an plus tôt, voulait impatiemment aider ne veut maintenant plus du tout aider. C’est le temps pour la fermeté aimante, et les mots doux mais ferme, « Tu peux aider ».

L’enfant à six ans est beaucoup plus éveillé à ses sentiments et s’identifie à eux d’une manière nouvelle. La sympathie et l’antipathie deviennent plus prononcées. J’ai trouvé qu’une des tâches avec ces enfants est de les aider à commencer à faire des choses qu’ils ne veulent pas faire.

Nous avons tous cela comme une partie de notre vie, des tâches qui reviennent encore et encore. Elle se montre elle-même plus tôt avec l’enfant de deux ans, ce qui est davantage relié à la volonté. Nous pouvons les aider à dépasser leur antipathie avec notre chaleur et notre enthousiasme.

Quand nous entrons dans l’activité, celle de laver la vaisselle ou le nettoyage des jouets à l’extérieur, nous apportons de la joie dans l’atmosphère et dans nos mouvements. Souvent, cela est suffisant pour les aider, car aussi bien ils sont encore sous le manteau de l’imitation.

Peut-être qu’ils ont besoin de temps en tête-à-tête pour les aider à entrer dans l’activité. Notre amour et notre attention, c’est la guérison. Ce temps de tête-à-tête peut aussi révéler un défi qu’ils ont avec une activité. Une fillette de six ans n’était pas attirée par notre enthousiaste activité de saut à la corde à l’extérieur. Pendant un certain temps, je la laissais, mais, un jour, je lui dit : « Tous les six ans apprennent maintenant. »

Elle a consciemment essayé, car il n’était pas facile pour elle de descendre au sol, même si elle était minuscule. Quel merveilleux moment d’enseignement ce fut quand nous l’avons tous regardé essayer, et je lui ai dit avec insistance à quel point elle faisait bien.

Il y eut un commentaire méchant de l’un des enfants qualifiés dans cette activité, et une autre occasion d’enseignement se présenta puisque je rappelais à tout le monde combien c’est difficile quand c’est vos premières leçons, et comment nous devions nous aider les uns les autres quand nous pratiquons. La petite de six ans le prit à cœur et voulu pratiquer tous les jours. Nous avons tous suivi avec bonheur ses progrès.

L’enseignement, au Jardin d’Enfants, nécessite une grande mobilité de l’âme. Avec chaque enfant, quand nous tournons notre attention sur eux, nous devons changer notre ton ou notre paysage intérieurs. Tel enfant a besoin de sentir une vallée tranquille pour son âme.

Tel autre enfant a besoin d’un feu qui réchauffe avec lequel être proche. Un autre enfant aspire à une clôture claire qui retient son énergie débordante. C’est en approfondissant notre compréhension du développement de l’enfant et par la pratique à la fois de notre observation externe et de notre calme intérieur que nous pouvons ressentir ce que l’enfant a besoin, et le refléter.

Rencontrer l'enfant

Barbara Klocek a été enseignante de Jardin d’Enfants à l’école Waldorf Sacramento en Californie durant de nombreuses années.

Notes de l’auteur : Les trois garçons sont restés dans la même classe. Je leur ai dit que des vacances les uns des autres leur avaient été données afin qu’ils puissent se faire de nouveaux amis. Pendant plusieurs semaines , ils ne pouvaient pas jouer ensemble.

Durant une journée ou deux, ils furent un peu perdus, mais bientôt commencèrent à avoir de nouveaux amis et se sont mis à apprécier leur jeu d’une manière nouvelle. Puis, quand ils ont été en mesure de jouer à nouveau, ils inclurent ces amis. Jai fait cela aussi avec les relations sociales où je pensais que les enfants ne pouvaient pas résoudre les problèmes de leur propre chef.

Nous avons eu deux filles vraiment très fortement colériques qui étaient au même niveau et eurent des moments merveilleux. Cependant, parfois elles étaient dans un schémas où elles étaient seulement capables de se quereller entre elles. Avec un temps de vacances, elles pouvaient se détendre, se relier à d’autres enfants, et revenir à l’autre d’une manière différente.

Je vois les vacances comme une occasion pour l’enfant de laisser du temps loin d’une relation difficile ou malsaine. Cela permet une respiration dans les relations quand je trouve que les enfants ne sont pas toujours en mesure de le faire de leur propre chef. J’essaie de les mettre de fait dans un chemin très calme et l’utilise pour les aider à développer leurs compétences sociales sans jugement.

Rencontrer l'enfant

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Crédit photo Aurore de Hulster