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S’entraîner à chanter

Vous savez l’importance de chanter et la place du chant dans la pédagogie Waldorf-Steiner. Pour vous rafraîchir la mémoire, vous pouvez consulter sur le blog ces deux articles fondamentaux :

sans compter les nombreuses occurrences relatives aux diverses chansons que nous avons chantées depuis des années, que vous trouverez dans la catégorie « Versets, chants, comptines,poèmes« .

Dans la pédagogie Steiner, j’ai toujours entendu dire aux parents qui s’inquiétaient de ne pas savoir chanter, que ça n’est pas important si l’on chante juste ou faux ; le plus important est le coeur que l’on met à chanter avec ses enfants, à partager avec eux un moment d’émotions autour d’une mélodie.

chanter

Depuis le plus jeune âge, et tout au long de leurs années d’école ou d’instruction en famille, les enfants élevés dans l’esprit Steiner chantent. Je ne compte plus les bienfaits que le fait de chanter nous a apportés : la joie, l’apaisement, la détente, la relativisation des soucis inévitables, le travail de la voix ; car, nous avons beau ne pas être des chanteuses lyriques, un certain entraînement est tout de même là.

Les enfants ont ainsi découvert une diversité de langues, car nous avons appris à chanter dans de nombreuses langues : bien sûr en français, en anglais, et en allemand, mais aussi en italien, en japonais, en breton, ou encore en telougou (une langue d’Inde)…

Chanter, c’est aussi découvrir le monde qui nous entoure et dont les frontières sont très vastes ! Les petits enfants mettent beaucoup de coeur à mémoriser des mots dans une langue qui n’est pas leur langue maternelle et il est incroyable d’observer leur facilité à le faire. Ils perçoivent l’émotion véhiculée par le chant, directement de coeur à coeur.

En grandissant, les défis peuvent (et doivent) évoluer. Ainsi, dans les toutes dernières années, nous avons introduit le chant à plusieurs voix. C’était un grand défi pour nous, pour moi.

Ma formation musicale n’est pas inexistante, mais elle se résume aux 4 années de cours de musique au collège avec une professeur qui faisait ce qu’elle pouvait pour inculquer quelques connaissances musicales à des adolescents qui ne l’écoutaient pas beaucoup, à plusieurs années de flûte en cours particulier puis de guitare classique, et à quelques années de chants en chorale.

Autant vous le dire, cela ne me conférait pas une immense confiance en moi pour initier la musique et le chant auprès de mes enfants. Mais le plaisir est le moteur central, car le bon temps que nous passons ensemble a occulté les aspérités. Et chanter est vraiment un plaisir. Le peu que j’ai pu apporter à mes filles a permis que l’une d’elles se mettent à apprendre le piano (peut-être vous raconterai-je cette expérience dans un autre article) et ait envie de nous accompagner pour certaines chansons.

Pour elle donc, en plus d’apprendre sa voix (et celle de sa soeur, toutes deux soprano), il s’agit d’apprendre la mienne pour m’aider (alto), d’apprendre la partition de piano et de réussir à chanter tout en jouant. Cela demande beaucoup d’efforts, d’investissement, avec un beau développement à la clé.

Pour sa soeur, l’enjeu n’est pas moindre, bien que très différent : trouver et prendre sa place, exprimer sa voix, sa manière unique d’être au monde. Chanter à plusieurs est formateur de bien des manières ; un choeur est une micro-société dans laquelle on cherche sa place, on hésite, on peine… on a parfois du mal à y faire entendre sa voix (au propre comme au figuré) ou on ne parvient pas à la trouver, ou bien encore on se met en retrait car on n’a pas assez confiance en soi…

Il est merveilleux qu’elle puisse vivre cette expérience, y être encouragée par sa famille, car cela contribue au développement de la belle personne qu’elle est, d’une originalité et d’une singularité totales.

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Laissez-moi maintenant vous parler de la chanson que nous avons choisie de vous présenter. Nous travaillons dessus depuis avril dernier, avec une longue interruption durant les mois de juillet et août. Il s’agit de The sound of silence, de Simon & Garfunkel.

C’est une chanson vraiment difficile à chanter, et encore plus à deux voix. Nous nous sommes entraînées, entraînées à nouveau et encore entraînées. Nous l’avons reprise au début du mois de septembre à notre rentrée. Bien des fois nous avons douté de parvenir à la chanter. Certains passages se sont révélés extrêmement ardus, mais nous avons persévéré, sentant que nous n’étions pas allées au bout de ce que nous pouvions faire.

En début de semaine, nous avons cette fois-ci estimé que nous étions, pour le moment, parvenues au bout de nos efforts, et de notre envie, et qu’aller au-delà, en continuant à la travailler, nous couperait du plaisir de chanter. Nous avons envisagé de la reprendre plus tard, pour repousser nos limites.

En l’état, la chanter est déjà un résultat plaisant et c’est pourquoi nous avons décidé de l’enregistrer pour la mettre à l’écoute bien qu’elle soit imparfaite. Vous pouvez donc déjà nous écouter chanter, et je reviendrai ensuite sur quelques points complémentaires qui me tiennent à coeur :

 

 

The sound of silence

par Enora, Gwendolyne et Monique | Le chant des fées

Il est fréquent d’entendre ou de lire des mamans (ou des papas, plus rarement) dirent que c’est difficile de ne lire que des blogs d’instruction en famille où tout semble parfait, très beau, très lisse. Je pense souvent à ces personnes pour qui c’est difficile.

Je ne suis pas sûre de montrer suffisamment à quel point nous avons travaillé dur par moment pour faire fonctionner notre instruction en famille ; je suis souvent tiraillée entre mon besoin de retrait et mon désir d’aider et de soutenir en montrant ce que nous faisons. Ce que je sais c’est que nous ne pouvons faire que tendre vers la perfection, et c’est un peu ce que je vous montre avec cet article sur notre façon de nous entraîner à chanter.

Le plus important est le chemin que nous accomplissons aux côtés de nos enfants, ce que cela nous amène à développer de notre humanité, nos enfants comme nous ; ce n’est pas le résultat le plus important.

Pour en rire, voici un de nos « ratés » ; nous nous apprêtions à enregistrer la chanson et quand ma fille a commencé à jouer, son piano électronique n’était plus paramétré sur le mode piano !

En voici un autre. Cet autre enregistrement est une partie coupée du couplet final. Nous avions assez bien chantée tout le reste de la chanson, et au dernier moment, patatras !

The sound of silence final raté

par Enora, Gwendolyne, Monique | Le chant des fées

Voilà, en effet, tout n’est pas tout rose, tout lisse… mais, on peut en rire, on peut le prendre comme une expérience très riche. Et c’est ce que j’aime dans l’expérience d’instruction en famille. Les enfants sont instruits dans un cadre extrêmement humain : on peut ne pas tout réussir, on peut avoir le droit à l’erreur, l’important est de se relever, de persévérer… C’est ce qui fait aussi que l’expérience de l’instruction en famille ne pourra jamais être entièrement comparée à celle de la scolarisation, y compris avec la pédagogie Steiner. Et tout est bon et bien ainsi.

Et en prime, nous vous montrons tout au long de cet article nos peintures sur le thème de la silhouette !

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méditations

Crédit photo Aurore de Hulster