L’enfant en devenir
« L’enfant en devenir – Fondements de la pédagogie Steiner » est un livre écrit par Ernst-Michael Kranich et publié en 2000 aux éditions Triades sur le site desquelles vous pouvez consulter son sommaire.
« L’enfant en devenir » est un livre très exigeant, de mon point de vue, davantage même que « La pédagogie Steiner : état des lieux, fondements et perspectives » que je vous ai présenté récemment. Comme je vous le disait cependant dans cet article, commencer par la lecture de « L’enfant en devenir » avant d’entamer « La pédagogie Steiner : état des lieux, fondements et perspectives » peut s’avérer judicieux pour être au c lair avec les fondements de cette pédagogie, comme par exemple, l’anthropologie, qui occupe presque un tiers du livre.
Ce, d’autant plus, que 17 ans séparent les deux ouvrages et que la modernité et le recul de « La pédagogie Steiner : état des lieux… » couvre « L’enfant en devenir » (plus descriptif et plus classique) d’un léger voile de désuétude ressenti tant au niveau du vocabulaire utilisé que dans l’angle d’attaque de la problématique respective de ces deux livres.
Néanmoins, les développements relatifs à l’anthropologie sont absolument passionnants.
« Toute conception pédagogie, toute action éducative, impliquent nécessairement qu’on l’exprime ou non – une certaine manière de voir l’être humain » (page 13)
Ce qui a le plus suscité mon engouement est l’analyse d’une anthropologie pratique.
« L’anthropologie ne devient pratique et concrète qu’avec chaque enseignant » (page 17)
Or, cela implique que le programme ne soit pas alors « une somme de prescriptions auxquelles il faudrait se conformer… » (ibid) Une véritable anthropologie pédagogique doit être pratique ; elle nécessite donc de bien connaître les étapes de développement de l’enfant et que le but de l’éducation soit clairement posé comme étant l’épanouissement de l’être humain. Pour cela, il faut la soustraire aux intérêts particuliers qui traversent la société. C’était l’objectif de Rudolf Steiner qui fonda une anthropologie anthroposophique et écrivit :
« Les connaissances et les facultés dont doit disposer un être humain à un âge donné doivent découler de la nature humaine […] Ce n’est pas à l’État ni à la vie économique de dire : Voilà comment nous avons besoin que l’homme soit formé en vue d’une fonction déterminée ; en conséquence, soumettez les hommes dont vous avez besoin à des examens et veillez en premier lieu à ce qu’ils aient les connaissances et les aptitudes dont vous avez besoin« . (Cité pages 18/19)
Voilà qui est éminemment d’actualité, entre les restrictions apportées à la liberté pédagogique des enseignants par l’actuel ministre et l’enfance toujours plus soumise aux volontés des acteurs économiques par le biais des programmes officiels.
Cette partie placée en tête de « L’enfant en devenir » explique les parties suivantes liées, en premier lieu, au développement de l’enfant. On y apprend des foules de renseignements sur la manière dont l’enfant est pensé, reçu et accompagné dans la pédagogie Steiner. Mais, attention, cela demande beaucoup de concentration et, certainement, – ce que je n’ai pas fait -, un cahier et un stylo pour des prises de notes.
Ainsi, par exemple, les passages comparés sur le développement des organes tant chez les animaux que chez l’être humain sont vraiment intéressants, mais gourmands en effort d’intégration et de conceptualisation. Ils demandent d’y revenir et surtout, je crois, d’observer les enfants sur une longue période, pour vérifier, comparer, etc. De ce point de vue-là, je ne classerai pas « L’enfant en devenir » dans les livres faciles d’accès et destinés aux parents qui souhaitent découvrir la pédagogie Steiner.
Tout le reste du livre est du même acabit, que l’on se penche sur le dessin de forme ou la formation du jugement… je le redis, c’est un livre exigeant, mais riche car il éclaire avec une grande rigueur les fondements de la pensée de Rudolf Steiner et l’explique avec beaucoup de détails et d’exemples. Par ailleurs, en tant que parents-instructeur, qui empruntons à une pédagogie en particulier, nous devons régulièrement enrichir cette démarche par des lectures qui nous nourrissent, y compris les lectures plus exigeantes !
Dans le cadre d’une instruction en famille, L’enfant en devenir peut être utile au parent déjà avancé dans cette approche pédagogique, non seulement pour toutes les raisons énoncées précédemment mais aussi parce qu’il apportera des réflexions et des éclairages importants pour sa propre compréhension personnelle lorsqu’on devra aborder la préparation des classe 4 (L’homme et l’animal), 5 (Botanique) et plus tard, avec par exemple la science physique, la zoologie, etc…
En ce qui concerne le jardin d’enfants et les petites classes, il serait utile dans la mesure où l’on a du temps devant soit pour l’étudier avec le sérieux qu’il requiert. Or, le temps libre peut être un fameux obstacle pour le parent de jeunes enfants…
Deuxième photographie : crédit photo Thepoorphotograher sur Pixabay.
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